7 juillet 2008

Jonny Polonski - Hi My Name Is Jonny (1996)

Dès la pochette de l'album, on sent que l'on va devenir copain avec Jonny Polonsky : il a une bonne bouille, ce type, avec son nez de traviole et ses cheveux bouclés. « Salut, moi, c'est Jonny » : pas de chichis entre nous. Polonsky ne joue pas au grand torturé, au crucifié du rock'n'roll, non, il est juste content d'être là, avec sa guitare et ses chansons.
Pourtant, il pourrait prendre tout le monde de haut : protégé de Frank Black, il sort ce premier album sur un label prestigieux, American. Et bien non, ce jeune homme n'attrape pas la grosse tête et livre un disque d'une fraîcheur désarmante. En garçon poli, Jonny a le souci de ne pas ennuyer l'auditeur : il boucle l'affaire en dix morceaux, le tout durant moins de vingt cinq minutes. C'est parfait !
Qui a envie de s'infliger l'écoute de ces interminables CD longs de plus d'une heure ? Qui écoute encore Mellon Collie & The Infinite Sadness ? Jonny a tout compris : on écoute deux fois plus un album de moins d'une demi-heure...
Et ce d'autant plus que son disque est hautement addictif. Polonsky et ses acolytes nous offrent un fabuleux bouquet de chansons power-pop. Des ritournelles simplissimes, bourrées d'énergies, jouées sur des guitares gentiment abrasives : finalement, la power-pop, c'est un peu l'équivalent musical du sucré-salé. Bien secondé aux consoles par Brendan O'Brien (Pearl Jam, Rage Against The Machine...), Jonny Polonsky se révèle un maître en la matière. Impossible, par exemple, de résister à « Love Lovely Love » et à son refrain d'une simplicité désarmante :« When I love my lovely love everything is fine ». Quel romantique ! Bon, histoire de ne pas passer pour une mauviette, sur « Truly Ugly And Dead Too », Jonny joue au dur et nous balance des regards mauvais. Nous, on sait bien que c'est un bon garçon...La preuve : c'est d'une voix brisée qu'il nous chante « Evil Scurvy Love », une merveille de 1'37, aussi pure et fugace qu'une goutte de pluie. Tout, ici, donne envie de jouer de l'air guitar, de chanter à tue-tête des refrains idiots (le parfait « Uh-Oh»), de s'agiter dans tous les sens. Une fois ceci fait, on peut alors se laisser aller à rêvasser, au son de la guitare noyée d'effets de « Half Mind ».
C'est bien simple : cet album est une pépite. Une pépite dont l'éclat risque de faire paraître fort ternes bien d'autres disques. Il faut le dire, après l'écoute de Hi My Name Is Jonny, on a envie de jouer au frisbee avec les CD des pénibles Vines...Dans le genre, seul le premier Supergrass soutient la comparaison !
Au bout du compte, le plus rageant dans l'affaire, c'est de s'apercevoir que Jonny Polonsky est venu trop tôt. Sorti en 2001, en pleine vague du retour du rock, son album aurait sans doute été salué à sa juste mesure. En 1996, entre Odelay de Beck et Endtroducing de DJ Shadow, Hi My Name Is Jonny a eu du mal à se faire entendre. Paradoxalement, sa simplicité et sa fraîcheur semblent avoir été fatales à cet album, qui fit un flop.
Après avoir quitté le label American, Jonny Polonsky a du attendre 2001 pour livrer un EP de six titres (There Is Something Wrong With You), et ce n'est qu'en 2004 qu'il a pu sortir un nouveau LP (The Power Of Sound). C'est un peu triste, tout ça...
Un seul moyen de chasser ces nuages. On extrait le CD de son petit boitier. On l'insère dans le lecteur. Play. « Salut, moi, c'est Jonny » !
(Mr Pop)

(http://www.myspace.com/jonnypolonsky)

4 commentaires:

  1. MC5 se fait chier18 avril 2013 à 15:37

    "finalement, la power-pop, c'est un peu l'équivalent musical du sucré-salé"

    ah ah c'est bien trouvé :)

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  2. MC5 se fait grave chier alors il dépense son fric comme un couillon18 avril 2013 à 15:59

    Du coup je l'ai trouvé pour 2 euros, je l'ai chopé sur la foi de cette chronique. Ca a intérêt à être bien.

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    1. Nan mais si ça te plaît pas tu crois pas qu'on va te le rembourser ! :)))

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  3. J'espère que le disque te plaire, MC5 !

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