22 septembre 2008

Beach Boys - Today (1965)

Souvent quand on parle des Beach Boys, les gens retiennent l'image d'une pop enjouée sympathique représentée par "Good Vibrations" ou "Get Around" et connue sous le vocable de "surf music"...
C'est oublier que de 1961 à 1964 le groupe (les 3 Wilson - Brian, Carl et Dennis -, le cousin Mike Love et leur voisin Al Jardine) n'a aucun égal et que jusqu'en 1967 les Beatles eux-mêmes les considéraient comme leurs principaux rivaux... et modèles!
Rappelons que les Beatles écriront Revolver pour surpasser Today et que l'album Pet Sounds avait fait une telle impression sur Paul McCartney et John Lennon qu'ils s'en inspireront au moment d'écrire Sgt Peppers.
Pour les spécialistes, l'album Pet Sounds constitue une espèce de Saint Graal quasi intouchable. On est plus mesuré... Pour paraphraser Mr Pop, si Pet Sounds est historiquement indispensable à tout fan de pop, artistiquement, force est de reconnaître que certains morceaux ont assez mal passés l'épreuve du temps...

C'est avec cet album, Today, que le groupe approche le plus l'excellence, constituant plus que Pet Sounds, l'aboutissement de la première période des Beach Boys, un véritable tournant dans la production discographique des californiens (d'ailleurs les Ramones ne s'y étaient pas trompés en reprenant "Do You Wanna Dance" qui ouvre Today sur l'excellent Rocket To Russia).

Avec Mr Pop, le côté "joyeux" du groupe nous a toujours échappé. Au contraire, on perçoit chez les Beach Boys une mélancolie profonde dans leurs morceaux comme si la joie qu'il cherchait à communiquer par leurs morceaux étaient quelque peu forcée ou tout du moins ambivalente. Serait-ce les réminiscences d'une éducation par un père brutal aux méthodes quasi dictatoriales (Brian Wilson en souffrit durant toute sa jeunesse)? A moins que finalement cela ne corresponde assez bien aux interrogations de la jeunesse américaine entre joie de vivre et pulsions morbides (Cf James Dean)?

Les onze titres de Today synthétisent parfaitement le propos d'une pop bien plus mélancolique qu'il ne peut y paraître au premier abord. Il n'y a qu'à entendre les choeurs (une des marques de fabrique des Beach Boys) : là où certains groupes opteraient pour des choeurs allant crescendo marquant le point d'orgue des morceaux, chez les Beach Boys les vocaux commencent hauts perchés puis s'essoufflent progressivement jusqu'à souvent se terminer dans un murmure, dans un souffle...

Today en onze morceaux proposent une pop d'excellente facture marquant la fin de la "surf music" dans laquelle on a trop longtemps enfermé le groupe : jamais celui-ci n'avait aussi bien composé, chanté et joué ("Do You Wanna Dance" ; "Good To My Baby" ; "Dance Dance Dance").
Mais il marque aussi la transition vers Pet Sounds et Smile, c'est à dire une pop plus racée, avec un travail remarquable mené sur l'orchestration, toujours discrète mais d'une grande efficacité, qui fait toute la différence : le lyrisme de "When I Grow Up", le riff bienvenu et entêtant sur "Help Me, Rhonda", le désinvolte et poignant "Please Let Me Wonder", la partie de basse et de batterie sur "I'm So Young".
C'est à Brian Wilson enfin imposé comme le véritable directeur artistique du groupe que l'on doit cette évolution.
Sa patte est flagrante sur la deuxième face de l'album et où le groupe propose son lot de morceaux très calme, ballades où le groupe se lamente tranchant pour le coup avec l'image habituelle que véhicule le groupe : "Kiss Me Baby" ; "She Knows Me To Well" et surtout le splendide "In The Back Of My Mind" agrémenté de nombreux instruments en toile de fonds rappelant pour le coup le meilleur de Burt Bacharach.

Ce disque, le 8e des Beach Boys et l'un des trois sortis en 1965 (!) marquera un tournant dans l'histoire des Beach Boys mais aussi de la pop et fait écho à l'axe Rubber Soul/Revolver des Beatles. Ce disque a en plus eu un franc succès populaire (4e des charts...) ainsi que l'ensemble des singles qui en sont issus, ce qui a permis à Brian Wilson, de pouvoir s'imposer enfin pleinement et d'être reconnu comme l'un des plus grands musiciens des sixties.

Réussite commerciale et artistique : un grand disque en somme...

Frank

L'album en écoute intégrale :
http://www.deezer.com/fr/#music/the-beach-boys/the-beach-boys-today-summer-days-and-summer-nights-304447

Tracklisting :
1. Do You Wanna Dance?
2. Good To My Baby
3. Don't Hurt My Little Sister
4. When I Grow Up (To Be A Man
5. Help Me, Rhonda
6. Dance, Dance, Dance
7. Please Let Me Wonder
8. I'm So Young
9. Kiss Me, Baby
10. She Knows Me Too Well
11. In The Back Of My Mind



2 commentaires:

  1. Merci à vous d'avoir su réchauffer mon vieux coeur...

    Les "Beach Boys" ou ma première histoire d'amour musicale, disons 2 jours avant que je ne découvre que les Beatles avaient chanté autre chose que "Please Please Me"...

    Mais comment faire comprendre aux autres que les BB représentent tellement plus que la Californie, le soleil et les filles en bikini? Impossible. Donc, on se tait, on reste dans sa chambre et on écoute religieusement les WB (Wilson brothers...& cousin...& friends etc), entre une lecture de Newlook et une autre du bouquin de maths...

    Ah, folle jeunesse...

    PS: "Good Vibrations"= surf music?!

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  2. Ma première phrase avait juste pour but de relater la perception qu'ont beaucoup de gens à l'écoute des BB.
    Et pour eux "Good Vibrations" symbolise la plage, les filles, la californie donc la "surf music" (je déteste ce genre de sous-catégories)!

    Bien entendu pour moi quand j'écoute ce morceau je ressent pas forcément des "good vibrations" au contraire plutot le rêve des filles en bikini, de la plage, de la vie facile... que je n'aurai jamais!

    Je suis un grand fan des BB, je dois avoir quelque chose comme quinze ou seize albums... Ils représentent pour moi le rêve adolescent, une utopie que l'on savait perdue avant même d'arriver à l'âge adulte... Brian Wilson m'a toujours touché...
    A la fac, les moqueries étaient courantes quand on avouait écouter les BB.
    Moi j'éprouvais de la pitié pour ses gens en me disant qu'il passait à côté de quelque chose d'unique... et en même temps j'en étais heureux : j'avais l'impression que les disques des BB n'appartenaient plus qu'à moi...

    Sniff...

    Mr Rock
    Bad Vibrations

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