29 octobre 2008

Mogwaï - The Hawk is Howling (2008)

Soyons clairs : s'il est un groupe qui mérite un tant soit peu le qualificatif d' "indie" - si tant est que ce terme ait encore quelque signification de nos jours !? - c'est bien Mogwaï. Ces écossais constituent en effet une sorte d'archétype du genre : dotés à eux quatre d'un charisme très inférieur à celui de Laurent Romejko, mais ne faiblissant pas, d'album en album, dans la radicalité de leurs choix, ces derniers démontrent une fois de plus l'étendue de leur talent et la constance de leur forte personnalité musicale.
Les amateurs de "belles voix" n'en auront évidemment pas pour leur argent en écoutant The Hawk is Howling : plus encore que sur leur précédent opus, Mr. Beast, Stuart Braithwaite et ses camarades, recyclant avec finesse le concept vieillissant et un peu prétentieux de feu le mouvement post-rock, remisent définitivement leurs organes vocaux au placard pour produire un album intégralement instrumental ... pour le plus grand plaisir des fans !
Le morceau "Batcat", single abrasif aux frontières du hard-rock (et du bon goût !), joué sur le fil d'un rasoir, rappelle les dangereux penchants du groupe pour les décibels létaux, dans la grande tradition de ses performances en concert : les oreilles de votre serviteur peuvent en témoigner !
Cependant, à la notable exception de "Batcat", cette radicalité parfaitement assumée ne nuit pas à l'équilibre des compositions, qui sont pour la plupart une invitation à la rêverie et à la douce mélancolie.
En témoignent des morceaux tels que "The sun smells too loud" et "Scotland's Shame", qui semblent apparaître comme les deux versants, l'un diurne, l'autre nocturne, d'une ballade automnale dans une Ecosse rude et glaçante, soufflant le chaud et le froid, bercée par des sons de guitares lancinants et des sonorités synthétiques irradiées, martelés par une rythmique autiste et implacable.
Des ballades post-rock lunaires ("Kings Meadow", "I love you I'm going to Blow your school"), agrémentées d'un piano omniprésent, renforcent cette sensation ambiguë, à la frontière du bien-être et de la profonde neurasthénie, qui se dégage de l'album.
Mais c'est surtout le sublime "Daphné and the brain", splendide bluette en clair-obscur, synthèse réussie du post-rock et de l'électro, qui laisse son empreinte définitive dans l'esprit de l'auditeur.
Mogwaï nous offre ici un album réussi, qui ne surprendra pas les habitués du son si particulier des monstrueux écossais, mais qui fait rêver d'une audience enfin mondiale auprès de ceux qui n'auraient pas encore goûté aux plaisirs ténébreux du meilleur groupe d'Ecosse.

(Mr Indie)

http://www.myspace.com/mogwai

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