13 juin 2012

California Uber Alles : La Scène Punk et Hardcore Californienne 80's (1/2)

Une idée folle. Après avoir sorti un papier sur le Paisley Underground puis avoir cédé à la demande de Ratel pour un papier sur le Californian Cowpunk, a commencé à germer dans nos esprits malades l'idée de produire divers articles sur l'ensemble des scènes californiennes 80's (enfin grosso modo 1978-1989)... Vaste ambition.
On ne prétend pas à l'exhaustivité et encore moins à faire un inventaire à la Prévert, c'est pourquoi on choisira à chaque fois de faire un focus plus précis sur les groupes importants artistiquement et/ou historiquement (et tant pis si on en oublie).
En espérant que vous prendrez autant de plaisir à le lire que nous à le rédiger.
Premier volet (en deux parties) donc, consacré au punk et au hardcore.

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Le punk rock a laissé une trace indélébile à LA notamment et ce pour des motifs bien différents que le lieu où les Ramones enregistreront End Of The Century (1980) avec Phil Spector... Non LA comportait une authentique scène punk dont finalement peu de groupes ont véritablement franchi les décennies pour parvenir à nos oreilles. Ou alors pour de mauvaises raisons comme Fear surtout connu pour avoir vu passé en son sein Flea des Red Hot Chili Peppers. Une bien mauvaise raison donc.
Pourtant la seconde moitié des seventies a vu éclore moults groupes punk qui valent pour certains bien mieux que l'indifférence dans laquelle on les a confinée par opposition à la scène new-yorkaise ou bien entendu britannique.
The Weirdos, The Germs, The Plugz, The Skulls, The Dils, Catholic Discipline, The Avengers, The Nuns, Negative Trend, The Screamers ou The Bags (qui comprenait Patricia Morrison future Gun Club et Sisters Of Mercy) sont quelques uns de ces groupes qui pullulaient à LA et SF à la charnière des seventies et des eighties.
On y ajoutera Social Distortion qui aura particulièrement bien tiré son épingle du jeu, contribuant à populariser cette scène tout en accompagnant le hardcore naissant. Un pied dans le punk, l'autre dans les fifties (le groupe reprendra même Johnny Cash), le groupe a été rattaché au mouvement hardcore pour deux raisons : un refus de toute compromission en phase avec le mouvement et une sortie tardive de leurs premiers albums puisqu'il fallut attendre 1983 pour voir le groupe enregistré Mommy's Little Helper son premier album.
(http://grooveshark.com/#!/album/Mommy+s+Little+Monster/311219) Si le disque est essentiel pour comprendre l'éclosion future de groupes tel Rancid, le côté répétitif des morceaux, un peu la marque de fabrique du groupe, peut être assez lassant. On conseillera donc plutôt l'écoute du Greatest Hits sorti chez Time Bomb en 2007.
(http://grooveshark.com/#!/album/Greatest+Hits/1387319)
Le groupe après un hiatus de quelques années se reformera et sortira quelques albums qui se vendront très bien (notamment Somewhere Between Heaven & Hell en 1992).



Mais parmi tous ces groupes, quatre sortaient véritablement du lot : The Weirdos, The Zeros, The Dickies et X.

Les Weirdos ont eu une carrière météorique, la formation n'ayant existé qu'entre 1977 et 1981. Elle est d'ailleurs un des premiers groupes de cette scène punk californienne. Le groupe n'enregistrera que deux Eps de son « vivant », se reformera un nombre incalculable de fois tant dans les 80's que les 90's, en profitant d'ailleurs pour sortir des albums à l'intérêt limité (« Condor » en 1990 avec Flea des Red Hot).
Toutefois comme nous le rappelle l'excellente compilation Weird World 1977-1981 - Time Capsule Volume One sorti chez Frontier, les Weirdos étaient un excellent groupe.
(http://grooveshark.com/#!/album/Weird+World/5191239)
Si les Weirdos ont compté dans leurs rangs Cliff Martinez, premier batteur des Red Hot Chili Peppers puis compositeur de BO (Drive) ou Danny Benair futur Three O'Clock, il était surtout un groupe à géométrie variable, tournant autour des frères John et Dix Denney. Ce qu'il y a de plus remarquable en écoutant la compilation Weird World c'est de constater que le groupe sonnait tour à tour comme les Dead Boys (« Fort USA »), Johnny Thunders (« Message From The Underworld ») voire comme du pré-hardcore (« Pagan ») ! Un groupe qui vaut vraiment que l'on s'y attarde, même s'il mériterait une réédition plus à la mesure de son talent.



The Zeros fait partie de ces groupes un peu injustement oublié. Il faut dire que les présenter comme les « Mexican Ramones » n'a pas du les aider... Composé de Javier Escovedo (guitare / chant), Robert Lopez (guitare), Hector Peñalosa (bassiste) et Baba Chenelle (batteur), le groupe a connu la même carrière erratique que The Weirdos malgré le soutien de Peter Case (Nerves / Plimsouls) et des singles flamboyants avant de disparaître (puis d'entamer un cycle reformation/dissolution). L'excellent label Bomp! aura néanmoins pris l'initiative de diffuser l'album, Don't Push Me Around, initialement prévu pour une sortie en 1977, agrémenté de leurs singles et matériel de l'époque.
(http://grooveshark.com/#!/album/Don+t+Push+Me+Around/3456415)
L'écoute de ce dernier révèle un groupe assez fin au fort potentiel mélodique qui aura un impact non négligeable aussi bien aux Etats-Unis qu'ailleurs puisque certains de leurs morceaux seront repris notamment par les Hoodoo Gurus et The Nomads.
Des titres comme « Wimp », « Don't Push Me Around », « Beat Your Heart Out » ou « Wild Weekend » justifieraient à eux seuls une réhabilitation en bonne et due forme.



Le cas des Dickies est un peu particulier... Groupe californien originaire de la vallée de San Fernando à LA, les Dickies se forment en 1977 autour de Leonard Graves Phillips (chant), Stan Lee (guitare), Chuck Wagon (clavier/saxo/guitare), Billy Club (basse) et Karlos Kaballero (batterie). Le groupe s'était fait une spécialité de reprises de morceaux 60's ou 70's qu'ils revisitent à la sauce punk, dans un sens ramonesque, à mi chemin entre punk-pop et bubblegum. Il faut entendre ces reprises décalées et jouissives de « Paranoid » (Black Sabbath), de « Nights In White Satin » (Moody Blues), celle de « Gigantor » générique de dessin animé japonais ou « "Banana Splits (Tra La La Song) » thème d'une émission pour enfant de 1968 (qui apparaîtra sur la BO de Kick-Ass)... Le groupe offre par ailleurs quelques compositions originales savoureuses, bourrées d'humour comme « Attack of the Mole Men », « Walk Like An Egg » ou « Infidel Zombie ».
Dans un style inimitable, les Dickies ont offert deux albums intemporels, deux plaidoyers pour un rock and roll fun et qui surtout ne se prend jamais au sérieux. Rien que pour cela l'écoute une fois l'an de The Incredible Shrinking Dickies (1979) et Dawn Of The Dickies (1979) devraient résoudre tout problème de morosité.
(http://grooveshark.com/#!/album/The+Incredible+Shrinking+Dickies/2423775)
(http://grooveshark.com/#!/album/Dawn+Of+The+Dickies/3461819)



Pour autant malgré les qualités des groupes précités, LE grand groupe punk de la scène reste X. D'une longévité assez remarquable comparé à ses contemporains (grosso modo 1980-1993 sans discontinuer), le groupe a pu non seulement bénéficier du sillon creusé par ses prédécesseurs mais il a su, sans se renier, du moins à ses débuts, s'imposer comme une valeur sûr dans le paysage musical californien du début des années 80.
Le groupe se forme fin seventies autour de John Doe (guitare/chant) et Billy Zoom (guitare), vite rejoint par le batteur D.J. Bonebrake. John Doe amènera sa copine Exene Cervenka, musicienne et poète, et qui partagera le chant avec son boyfriend. Tout d'abord chez Dangerhouse, le groupe sort quelques singles qui lui apportent très vite une certaine renommée dans le circuit local. Cela leur permet très vite d'être signé chez Slash records, label indépendant, qui leur permet d'enregistrer leur premier album Los Angeles (titre de leur second single pour Dangerhouse).
Bien que rattaché au mouvement punk californien dont il est une figure indissociable, ce premier album laisse entrevoir d'autres influences. Ainsi un titre comme "Johnny Hit And Run Paulene" avec son intro façon Chuck Berry flirte avec les fifties tandis que « Nausea » non dépourvue d'un certain lyrisme et portée par des claviers (!) entêtants (Black Mountain a à l'évidence fait une fixette sur ce titre), sonne comme du Jefferson Airplane sous amphétamine ! Ajoutez à cela la voix si singulière de Cervenka, le côté désabusé du chant, le jeu de guitare truffé de plans rockab' de Billy Zoom et une production signée Ray Manzarek (The Doors) qui assure les parties de claviers et vous obtenez un disque en perpétuel équilibre entre hommage à peine dissimulée (reprise de « Soul Kitchen » des Doors) et manifeste punk rock. Et le moins que l'on puisse dire c'est que X réussit brillamment son numéro d'équilibriste pour offrir un disque qui sonne encore remarquablement frais aujourd'hui.
(http://grooveshark.com/#!/album/Los+Angeles/211735)
Dans la foulée le groupe enregistre, toujours avec Manzarek, un deuxième album Wild Gift dans la lignée du précédent. Tout juste peux-t-on noter un son légèrement plus catchy et l'absence des claviers. Quoiqu'il en soit, et bien qu'il apparaît moins singulier que Los Angeles, ce Wild Gift avec des compositions comme "We're Desperate", "White Girl", "Beyond and Back" ou « Adult Books »
s'impose comme un des meilleurs albums punk rock toutes époques confondues et offre surtout la reconnaissance que le groupe méritait, ce dernier étant album de l'année pour de nombreux médias américains.
(http://grooveshark.com/#!/album/Wild+Gift/558968)
Cette renommée leur permet de quitter Slash Records et de signer chez Elektra ce qui sonnera malheureusement le glas pour le groupe. Leur troisième album, Under The Big Black Sun marque ainsi un tournant pour le groupe qui fait évoluer sa formule en s'orientant vers des sonorités plus country, tendance qu'il affirme un peu plus sur More Fun In The New World. Si le résultat n'est pas infâme, si de bons titres sont présents sur ces deux albums force est de reconnaître que le résultat n'est pas à la hauteur des précédents enregistrements du groupe.
Pire le groupe opère un virage commercial, avec Ain't Love Grand produit par Michael Wagener (qui a à son actif l'essentiel du métal 80's...) et qui fatalement sonne comme du hard rock assez fade et clôt temporairement (le groupe se reformera régulièrement) l'histoire d'un des meilleurs groupes punk de l'histoire du rock.




la suite c'est ici :
http://rawpowermagazine.blogspot.fr/2012/06/california-uber-alles-la-scene-punk-et_15.html ...

Frank

6 commentaires:

  1. Super initiative ! Le dossier sur la scène Paisley était parfait, j'en attends pas moins avec celui-ci. En plus je ne connais quasiment rien ;)

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    1. Merci ! ça fait quand même six mois que ça traîne ce papier :) J'ai fait des choix, parler plus de certains groupes que d'autres... Mais bon j'ai fait ça aussi avec mon ressenti personnel. The Bags par exemple j'ai hésité à approfondir.
      Si tu connais pas ces groupes je te conseille l'écoute des liens grooveshark plutôt que les vidéos assez moyennes que j'ai pu trouver sur youtube (notamment pour X).

      Frank

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  2. Ouch ! c'est juste ENORME !

    vous comptez en faire beaucoup des papiers ? :))

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    1. Merci mais n'exagérons rien :)) Et oui il y a 4 ou 5 papiers supplémentaires en prévision mais faudra pas être pressé !

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  3. Ce genre de trucs fait aussi parti de l'histoire du rock'n'roll... NOM DE DIEU ! ;-)

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