3 novembre 2011

Magic Trick - The Glad Birth Of Love (2011)

L'hyper-prolifique Tim Cohen revient moins de six mois après le dyptique Magic Trick / Bad Blood, avec un nouvel effort solo. On a beau suivre le garçon depuis quelques années, la cadence avec laquelle il enregistre des disques laisse pantois. Surtout que pour l'heure la qualité ne se ressent absolument pas de ce rythme de stakhanoviste. Alors qu'il avait finalement trouvé une formule avec sa pop lumineuse et mélancolique, il a choisi de prendre des risques avec ce nouvel album, sorti sous le nom de son backing-band (et accessoirement titre de son précédent enregistrement, vous suivez ?). Ainsi ce disque est sans doute son oeuvre la plus ambitieuse et la plus personnelle à ce jour.

Faisant fi des carcans de la musique pop, Tim Cohen n'hésite pas à livrer 40 minutes de musique réparties sur 4 pistes allant de 7 à 13 minutes ! Tim Cohen déploie ainsi toute sa science mélodique au service de compositions aériennes, d'une grâce rare.
Un Cohen qui joue de presque tous les instruments sur le disque et qui a su s'entourer de quelques guest stars : Diego Gonzalez du groupe électronique californien Jonas Reinhard, Grace Cooper des Sandwitches aux choeurs, John Dwyer des Oh Sees qui joue de la flûte, instrument central puisqu'on retrouve aussi Amber Lamprecht, flûtiste professionnelle.
Ces guests et la présence au sein de Magic Trick de musiciens compétents ( Noelle Cahill, Alicia Vanden Heuvel et James Kim - qui travaille avec Kelley Stoltz -), doit vous en dire long sur la qualité de ces enregistrements d'une grande pureté. Avec un tel écrin, tout devient possible même l'impensable.

"Cherished One" est à ce titre une entrée en matière remarquable. Le morceau permet aux fans de Tim Cohen de retrouver cet univers si particulier, cette nonchalance doublée de mélancolie qui caractérise l'oeuvre du californien. Pour les autres, celles et ceux qui parcourent ces lignes sans connaître une note du bonhomme (vous le faîte exprès aussi vu que l'on a chroniqué l'ensemble de ses albums solos et au sein des Fresh & Onlys), ce titre est aussi l'un des plus abordables du lot malgré sa longueur. Car le groupe multiplie les breaks et les changements de rythme relançant sans cesse la machine et retombant, avec grâce, à chaque fois sur ses pieds, notamment par la qualité de son interprétation et un dynamisme permanent. "Daylight Moon", premier morceau à être dévoilé (dès juillet), se révèle a contrario plus ambitieux. A partir d'une entame peu accrocheuse il faut bien le dire, Tim Cohen fait littéralement exploser son morceau passer 1'45" : la voix angélique de Noelle Cahill répondant aux saillies de guitare de Steve Peacock, pour un résultat en tout point mirifique.
Et que dire du splendide et surréaliste "Clyde", joué sur un rythme de sénateur, servi par une surenchère de percussions et qui voit Cohen réciter des paroles sidérantes : "I found a baby on the side of the road. He was still breathing, so i took him home, called him Clyde.[...] You found the egg and you fertilized a little fish that knew not his plight". Le résultat subjugue autant qu'il désarçonne. Peu d'artistes n'ont réussi à concilier musicalité et un tel niveau d'ambition. A ce titre on osera la comparaison avec un certain Robert Wyatt, auquel cet album nous a immédiatement fait penser. "High Heat" dernier morceau n'est pas en reste avec son florilège d'instruments, ces arpèges délicats, ces cordes pincées...

The Glad Birth Of Love est un disque brillant, à l'alchimie délicate et au charme puissant. Pour réussir un tel disque, il faut être un véritable orfèvre doublé d'un musicien aux aptitudes incroyables. Les morceaux ont beau avoir une structure extrêmement complexe, jamais Tim Cohen ne se départit d'une évidence mélodique qui à ce niveau confine au génie.
On est en droit de ne pas accrocher à ce disque forcément exigent et l'on convient que tous ne s'extasieront pas devant cet album qui s'il représente ce que Cohen a fait de plus abouti, est avant tout un suicide commercial dans les règles de l'art. Et ce d'autant, qu'à l'ère de l'i-pod et du papillonnage numérique, la meilleure écoute possible du disque consiste à le déguster seul, dans un silence de cathédrale (ou le casque vissé sur les oreilles), avachi dans son fauteuil, les paupières closes, en laissant son esprit divaguer au gré du voyage auquel nous convie Tim Cohen, pour ne s'interrompre qu'au bout d'une vingtaine de minutes afin de changer de face...
Mais c'est là tout le sel de ce nouvel album : le charme de The Glad Birth Of Love se mérite...


Frank

Tracklisting :
01. Cherished One
02. Daylight Moon
03. Clyde
04. High Heat

Lien pour écouter Daylight Moon :
http://www.deezer.com/fr/music/magic-trick/the-glad-birth-of-love-1218587

Pas de vidéos trouvées sur le net malheureusement...

3 commentaires:

  1. Bien joué !
    C'est vrai qu'hormis seul à la maison, c'est dur de trouver les occasions d'écoute de ce disque... Clyde est a moitié flippante, ça peut faire peur je crois :)

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  2. ouah ! Tu surveillais le blog pour guetter cette chronique ? :-)
    C'est vrai que Clyde est assez flippante du coup je conseillerai pas de l'écouter dans le noir !

    Frank

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  3. Belle chronique. Pas facile pourtant de résumer cet album.
    "Daylight Moon" est vraiment ouf...il fait ce qu'il veut le Cohen quand même !

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