20 juillet 2012

Jack White - Blunderbuss (2012)

Jack White restera quoi qu'il advienne un personnage marquant de la décennie écoulée. Loin de nous l'idée de remettre en cause le statut d'icône légitimement acquis par la moitié des White Stripes.
Et pourtant... Musicien prolifique, chanteur, compositeur, producteur, le bonhomme est touche à tout mais depuis quelques temps ne change plus grand chose en or.
A l'exception de certains disques live enregistrés sur son label Third Man Records (Jacuzzi Boys et Human Eye entre autres), ses différentes collaborations suscitent au mieux de la circonspection. Car si les Raconteurs ont tout de la récréation, du délire entre potes et conservent un certain charme, son association avec Alisson Mosshart au sein de Dead Weather fut une réelle déception (on passera sous silence la BO de Quantum Of Solace). Sa participation au projet Rome de Danger Mouse et Daniele Luppi l'an passé faisait au moins la démonstration d'une volonté clairement affichée d'éclectisme, même si le résultat ne nous a pas emballé plus que ça.
Et puis il y a ce disque, ce Blunderbuss, en solo, dont on craignait la sortie, avec une lueur d'espoir néanmoins tant on espérait que Jack White profite de celui-ci pour opérer un retour aux sources et/ou retrouver ce cachet roots qui faisait tout le sel des White Stripes.

Il y a deux façons d'aborder ce disque : en nostalgique indulgent ou en faisant abstraction du passé pour jauger au mieux du présent .
Il est vrai que la nostalgie peut aider à faire passer la pilule sur le début du disque notamment où les effluves des White Stripes nimbent "Missing Pieces", le frontal "Sixteen Saltines" ou "Freedom At 21". Mais c'est surtout pour mieux appuyer là où ça fait mal : sur ce Blunderbuss, les rares fois où Jack White se souvient de son passé, tout cela sonne comme de la redite. Pire sur "Freedom At 21" où l'on a la désagréable impression de se retrouver devant un pastiche qui n'a rien de glorieux : comment quelqu'un d'aussi doué que White a pu se satisfaire d'un riff aussi grossier qu'éculé ? Mystère.
Quoiqu'il en soit, l'intérêt de ce disque n'est pas là comme en atteste ce son plus posé, ces emprunts extrêmement variés à d'autres courants musicaux. "Love Interruption" le premier single de l'album avec Ruby Amanfu en guest, avait annoncé la couleur : cette ballade vaguement soul présageait d'un changement de cap.

Malheureusement, hormis quelques titres qui sortent quelque peu du lot, ("I’m Shakin’" aux accents blues-soul ; le countrysant "Hip (Eponymous) Poor Boy"), on est quand même assez loin des sommets que l'on est en droit d'attendre d'un homme aussi talentueux que Jack White. Le résultat n'est pas infâme, juste particulièrement quelconque, sans âme, comme sur ce "Blunderbuss" réhaussé de violons qui aura surtout comme mérite de rappeler à notre bon souvenir les Eighteenth Day Of May.
La voix si particulière de Jack White ne suffit pas à sauver des compositions qui ronronnent sérieusement et finissent par n'apporter que lassitude et ennui ("Hypocritical Kiss") quand ce n'est pas agacement ("Weep Themselves To Sleep" aux descentes de clavier insupportables ; "I Guess I Should Go To Sleep").

C'est peu dire que ce nouvel album et ce virage musical déçoivent énormément. Patchwork musical mêlant peu ou prou tous les genres musicaux qui comptent pour lui, ce Blunderbuss apparaît au final comme une oeuvre mal dégrossie, boursouflée, bien que parfaitement exécutée, loin, très loin des standards auxquels Jack White nous avait habitué par le passé.

Frank

(http://grooveshark.com/#!/album/Blunderbuss/7498797)

Tracklisting :
1. Missing Pieces
2. Sixteen Saltines
3. Freedom at 21
4. Love Interruption
5. Blunderbuss
6. Hypocritical Kiss
7. Weep Themselves to Sleep
8. I'm Shakin' (Rudy Toombs)
9. Trash Tongue Talker
10. Hip (Eponymous) Poor Boy
11. I Guess I Should Go to Sleep
12. On and On and On
13. Take Me with You When You Go

Vidéos :




4 commentaires:

  1. Je suis d'accord pour dire que cet album est franchement bof

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  2. Cet album est une daube intersidérale. Même en étant fan, je n'arrive même pas à lui trouver des excuses. J'aurais été vachement plus dur que Franky sur cette chronique.

    Quitte à passer pour un vieux c**, je pense qu'on peut tous se rappeler le plaisir pris à écouter les albums des White Stripes (jusqu'à Elephant). Dans les années 2000, on les regardait avec plein d'espoir et on se disait que ces gars-là ne pourraient jamais se compromettre... Dix ans plus tard, on se réveille avec ça, Dead Weather et les Raconteurs: la loose intégrale.

    John the revelator

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    1. Les Raconteurs c'est cool, pas essentiel certes mais ça sent le groupe qui passe du bon temps, et même si le cul commence à devenir lourd par endroit, on est dans le domaine du réglo.
      Très loin du foutage de gueule Dead Weather...

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  3. Je trouve que les albums des WS jusqu'a behind me satan (inclus) sont vraiment bien, je les ai chopes l'un apres l'autre en lp et je suis pas decu, pourtant a la base, j'etais loin d'etre un grand admirateur.

    Ce nouvel album, pas ecoute, faillit achete a rough trade a londres dans le eastend lors de mon pelerinage puis finalement 30 pounds je trouvait que c'etait trop.

    Cyril

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